De Calais à Dieppe à vélo : 6 jours sur la Vélomaritime — EuroVélo 4

Pourquoi ces deux villes ? Parce qu’elles sont toutes les deux reliées par un train direct depuis et vers Paris. Et bonus : tout se passe en TER ultra-récents, avec donc la possibilité d’embarquer facilement (et gratuitement) son vélo. Malin !

L’itinéraire débute au plus près des falaises de calcaire du Cap Blanc-Nez sur la Côte d’Opale, puis longe la baie de Somme avant de terminer sur les petites routes vallonnées de la Normandie. De la grimpe au début, du plat au milieu, et à nouveau de la bosse pour la fin !

La Vélomaritime 🌊

La Vélomaritime longe une partie de l’EuroVélo 4. Elle part de la Manche à Roscoff et s’arrête à la Mer du Nord à Dunkerque, soit près de 1500 km d’itinéraire balisé. En 2020, elle est aménagée à presque 90%, et à majorité sur voie partagée sur des routes peu fréquentées.

Nous avons parcouru la portion de Calais à Dieppe, l’un des tronçons les moins bien aménagés (on aime les défis). L’aménagement et la signalisation sur certains tronçons étaient franchement limites limites de temps en temps, surtout en région Haut-de-France. Une fois arrivé en Normandie, tout s’est amélioré.
Bon, on s’est quand même perdus quelques fois et à la fin du voyage, on s’est finalement résignés à investir dans un GPS vélo (le Elemnt Bolt de chez Wahoo pour les curieux).

L’itinéraire

6 étapes — 246 km

• Étape 1 : De Calais à Audinghen (35 km)
• Étape 2 : D’Audinghen au Touquet (54 km)
• Étape 3 : Du Touquet à Berck-sur-Mer (35 km)
• Étape 4 : De Berck à Saint-Valéry-sur-Somme (59 km)
• Étape 5 : De Saint-Valéry-sur-Somme au Tréport (48 km)
• Étape 6 : Du Tréport à Dieppe (33 km)

Étape 1/6 – 35 kmDe Calais à Audinghen

Distance : 35 km
Dénivelé positif : 440 m

On a prévu une petite étape pour cette première journée. Il ne fallait pas voir trop grand parce qu’on est dépendants des horaires du train et qu’on sait qu’un imprévu est toujours possible (une crevaison, un retard de train… on sait jamais !).

Mais avant de pédaler, il faut nous rendre à la Gare du Nord pour emprunter le TER qui nous emmène à Calais. Le train est tout neuf et super pratique pour entreposer nos vélos dans l’espace dédié.

Le trajet dure en temps normal 3 heures, mais pas de chance ce jour-là puisqu’un camion a percuté le matin-même un caténaire sur la ligne. On va devoir rester deux heures de plus dans le train !

L’étape est courte mais sportive. Il y a de belles côtes, certaines au niveau du Cap Blanc-Nez sont même sur un chemin caillouteux digne d’un parcours en gravel, ce qui rajoute encore de la difficulté à l’étape.

Avec le retard du train, nous n’avons pas le temps de visiter Calais. On rattrape donc directement la piste cyclable qui longe le littoral… qui s’arrête au milieu de rien à l’approche du Cap Blanc-Nez. Pour éviter la route de la côte très passante, nous empruntons un sentier pédestre très pentue et caillouteux, qui mène au belvédère du cap Blanc-Nez. Galère, mais la vue sur toute la côte, ses champs et les bateaux qui traversent la Manche est vraiment sympa. On aperçoit même les côtes anglaises au loin !

À la descente du belvédère, on se permet un petit détour à la plage du Cran d’Escalles. Les falaises de calcaire ici sont toujours aussi belles et impressionnantes que lors de notre passage en 2016 sur la Côte d’Opale. Par contre, l’accès à la plage était bien plus charmant avant qu’il ne soit bétonné pour y aménager un parking.

Nous finissons la journée au Cap Gris-Nez. Entre les deux caps, on a une petite préférence pour le Blanc-Nez, pour sa roche calcaire qui contraste avec l’herbe verte et l’immensité des falaises de calcaire.

Où dormir à Audinghen ?

Pour une bonne première nuit en tente, rien de mieux d’arriver le soir sous la pluie ! Nous installons notre campement au Camping municipal du Musée, à Audinghen. On croyait pourtant qu’il ne pleuvait jamais dans le Nord !
Le camping est simple : une vaste pelouse où l’on peut planter la tente. Nous arrivons trop tard pour acheter les jetons pour la douche, on attendra le prochain camping pour se laver. #ApprentisRoots

Étape 2/6 – 54 kmD’Audinghen au Touquet

Distance : 54 km
Dénivelé positif : 430 m

Réveil difficile ce matin. On met du temps à émerger, et les affaires sont toutes humides. Mais bonne nouvelle, la pluie a laissé place à un beau soleil rayonnant. Les conditions météorologiques sont donc parfaites pour continuer à découvrir la Côte d’Opale.

La première partie de cette étape d’Audinghen à Boulogne-sur-Mer est surprenante. La route, bien que fréquentée, traverse les dunes de la Slack quelques kilomètres avant l’arrivée à Wimereux. On ne nous avait pas dit qu’il y avait de telles dunes dans le Nord !
Nous nous arrêtons manger dans une brasserie / crêperie au Portel juste à la sortie de Boulogne-du-Mer. Pas facile de trouver des restaurants végétariens-friendly dans le secteur… On est donc obligé de commander une galette tartiflette et de demander d’enlever les lardons… Bon c’était pas mauvais quand même.

Bien rassasiés, nous réenfourchons nos vélos en direction du Touquet. La suite de l’étape n’est pas bien signalisée et l’itinéraire emprunte des routes où les voitures roulent à toute allure. Pas rassurants et surtout pas agréable ! Si vous avez la possibilité d’éviter la grande route entre Boulogne et le Touquet, n’hésitez pas.
À l’approche du Touquet, une piste cyclable est aménagée le long de la Départementale, puis passe dans les beaux quartiers résidentiels de la ville, avant de rejoindre Stella-Plage où nous camperons ce soir.

Où dormir au Touquet ?

Aucun camping au Touquet n’accepte les tentes ! La meilleure option pour en trouver est d’aller du côté de Stella-Plage, à une petite demi-heure du Touquet.
Nous avons séjourné au Camping de la Mer, situé au cœur de la dune. L’environnement est vraiment hyper sympa. Nous plantons la tente directement dans le sable. Les sardines sont compliquées à enfoncer dans le sol, mais vu les bourrasques qui sévissent ce soir, mieux vaut bien tendre la tente.

Étape 3/6 – 35 km Du Touquet à Berck-sur-Mer

Distance : 35 km
Dénivelé positif : 110 m

Hier, nous sommes passés en éclair au Touquet. On décide d’y retourner pour y passer la matinée. Depuis Stella-Plage, Thibault nous a concocté un itinéraire tout terrain via l’application Komoot pour rejoindre Le Touquet. L’itinéraire emprunte des chemins étroits dans la forêt avant de se rapprocher du golf du Touquet, non-loin des dunes. Le chemin est très sablonneux et il est compliqué d’avancer sans mettre le pied à terre. Le raccourci, qui devait être un gain de temps, n’en est finalement pas un.

Avant de rejoindre les rues goudronnées du Touquet, nous traversons un quartier résidentiel privé. À l’évidence, nous ne sommes sûrement pas autorisés à rouler ici… Ce quartier rappelle étroitement les rues résidentielles américaines : de grosses maisons avec un jardin parfaitement entretenus et fleuris, le tout dans une énorme résidence fermée par un pompeux portail. Il manque juste le jardinier pour tailler les hortensias et on est tout droit sortis d’une série américaine !

Ce qu’on aime ici au Touquet, ce sont les très grandes et jolies demeures style anglo-normand, que ce soit dans le centre-ville ou en plein-milieu d’une jolie forêt de pins. Une sorte de Palm Springs version Nord-Pas-de-Calais !

À l’arrivée au cœur du Touquet, nous profitons des abords de la Grande Plage. Le temps est maussade, ce n’est pas l’idéal pour profiter de la mer dans les meilleures conditions… Du coup, on se réconforte avec un merveilleux plat de pâtes cuites à l’aide du réchaud, avec vue sur les clubs de plage. Pas d’huile, pas de sauce, rien. Il faut vraiment qu’on fasse des courses sur le chemin !

On reprend vite la direction de Berck-sur-Mer. L’étape est courte encore une fois, puisqu’il nous reste 18 km. Mais on souhaite arriver assez tôt pour profiter un peu de la station balnéaire et, surtout, avoir une place dans un camping proche du centre-ville.
Raté, le camping repéré à l’avance nous refoule ! La première fois que ça arrive depuis qu’on fait du camping ! Heureusement, le camping 100 mètres plus loin peut nous accueillir… à condition de débourser 40 € pour la nuit pour une pauvre petite tente. Aoutch !

Après une petite douche (payante, faut quand même pas déconner à ce prix-là…), nous partons découvrir la belle et grande plage de Berck. Celle-ci est autorisée aux chiens sur la partie sud au niveau des dunes. Kuzco est heureux comme tout d’être lâché dans cet immense espace, ça change de son panier à l’arrière du vélo !
Les cabanes aux couleurs pastels sont toujours aussi mignonnes, elles font le charme de cette grande plage !

Il n’était pas possible de quitter la région avant de tester une friterie ! Direction donc la Friterie Berckoise, sur le remblai. On s’est empiffré d’un gros burger — après avoir demandé de ne pas mettre de viande — accompagné d’une énorme portion de frites… Ce qui est bien à vélo, c’est qu’on peut se permettre de manger comme pas possible sans prendre un gramme !

Où dormir à Berck-sur-Mer ?

Le choix des campings qui acceptent encore les tentes à Berck-sur-Mer est très limité. Tout le monde a pris le plis de ne proposer que de la location de mobil-homes ici. En plus, les prix pratiqués sont souvent à la limite de l’indécence. Il faut compter entre 30 et 40 € l’emplacement ! Et en ce qui concerne La Guinguette où nous avons séjourné, le prix ne comprend pas la douche, ni l’électricité ! Et à ce prix-là, les sanitaires sont archaïques… N’imaginez même pas qu’il y ait du PQ aux toilettes !

Étape 4/6 – 59 km De Berck-sur-Mer à Saint-Valéry-sur-Somme

Distance : 59 km
Dénivelé positif : 150 m

L’itinéraire cyclable n’est pas encore parfait pour le cyclotourisme sur le tronçon Berck-sur-Mer jusqu’à Fort-Mahon Plage. La route départementale traversant les marais est assez passagère, à cette période de l’année où de nombreux touristes rejoignent les plages.

À partir de Fort-Mahon Plage, on sent tout de suite qu’on a rejoint un nouveau département (la Somme). Les pistes cyclables le long de la côte sont vraiment bien développées.
La Somme mise énormément ces dernières années sur le cyclotourisme pour développer son secteur touristique. Il existe même des guides papiers uniquement dédiés aux escapades à vélos dans le département ! Le pari et l’investissement semblent plutôt porter leurs fruits, puisque nous croisons de plus en plus de cyclistes en avançant.

C’est notre première fois dans le département, on ne s’attendait vraiment pas à tomber sur de petits villages aussi mignons. On pense au Crotoy, où nous ferons une longue pause le midi, avant de longer la baie de Somme jusqu’à Saint-Valéry-sur-Somme.

Le Crotoy, au nord de la baie de Somme, a su garder son authenticité. Les façades des maisons de villages sont toutes en brique, avec une jolie palette de couleurs sur leurs volets. On aime beaucoup cette architecture typique du Nord !
L’autre charme de la ville, c’est son célèbre train touristique à vapeur qui circule encore sur le chemin de fer reliant Cayeux-sur-Mer. On l’avait découvert lors de la lecture du très chouette “Slow train” de Juliette Labaronne, qu’on vous recommande d’ailleurs pour vous inspirer dans vos idées de voyage en train !

Du Crotoy, on emprunte une longue piste cyclable qui longe la baie de Somme dans un environnement marécageux. Le vent est momentanément dans le dos et nous fait pousser des ailes avec une moyenne à 27 km/h… qui tombera vite en dessous des 15 quand on se retrouvera dans l’autre sens à l’approche de Saint-Valéry-sur-Somme… Le vent est vraiment l’ennemi du cycliste !

Cette fin de journée se termine encore par un coup de cœur. D’ailleurs sûrement LE coup de cœur du voyage : Saint-Valéry-sur-Somme. Ce village tout de brique est situé à l’estuaire de la Somme.
On a adoré l’ambiance estivale qui règne ici, tout en étant à l’écart des hordes de touristes. Les terrasses des brasseries et restaurants sont toutes remplies en ce vendredi soir. Certaines donnent directement sur la Somme avec un magnifique coucher de soleil. On a tellement aimé notre passage ici qu’on en a presque oublié de le prendre en photo…

Ce soir, on dîne à la Crêperie Sel et Sucre. Les galettes et crêpes sont très bonnes et généreuses, et servies avec un grand sourire dans une jolie bâtisse du village. Et en plus, ils ont le mérite de proposer des options végétariennes. Ça fait du bien !

Où dormir à Saint-Valéry-sur-Somme ?

Nous avons posé nos affaires au Camping de La Croix l’Abbé. Les gérants du camping sont très sympathiques et s’arrangent toujours pour trouver une place pour les voyageurs à vélo. À pied depuis le camping, on peut rapidement se rendre en plein cœur de Saint-Valéry-sur-Somme.

Étape 5/6 – 48 km De Saint-Valéry-sur-Somme au Tréport

Distance : 48 km
Dénivelé positif : 340 m

En 2015, alors qu’on était loin d’ici en Islande, on avait pu observer des phoques faire bronzette dans leur milieu naturel. C’était sans savoir qu’on pouvait aussi en croiser sur les plages du Nord de la France !
C’est précisément sur la plage Hourdel, entre Cayeux-sur-Mer et Saint-Valéry-sur-Somme, qu’on découvre depuis nos vélos les phoques nager au loin dans la mer agitée. Quelle surprise !

Peu après notre rencontre avec les phoques, nous arrivons à la station balnéaire de Cayeux-sur-Mer. La ville est connue pour ses jolies cabines de plage alignées sur les galets gris, mais semble malheureusement en état de décrépitude généralisée. Ce qui lui laisse, sans le vouloir sûrement, un certain charme désuet.

Quelques kilomètres s’enchainent à travers les champs, puis on se retrouve à Mer-les-Bains, située au pied des falaises et juxtaposée au Tréport. Avant de descendre comme des fous en ville, ne manquez pas le point de vue sur les deux villes en haut des falaises !
Mer-les-Bains nous charme par son front de mer composé principalement de villas bien conservées style Belle Époque et Art Nouveau. Elle est séparée du Tréport par le fleuve côtier de La Bresle. Celle-ci sert aussi de frontière entre les Hauts-de-France et la Normandie, son passage signe donc notre arrivée en Normandie.

Où dormir au Tréport ?

On plante notre tente au Camping International du Golf (la classe hein ?), situé sur les hauteurs du Tréport. Il faut donc tout regrimper les 100 mètres de dénivelé qu’on avait descendus avant Mer-les-Bains, avec des pourcentages à faire souffrir nos jambes endolories d’apprentis cyclistes ! Le point positif, c’est que ça fera ça de moins à monter pour notre dernier jour sur la Vélomaritime #malin.

Étape 6/6 – 33 km Du Tréport à Dieppe

Distance : 33 km
Dénivelé positif : 240 m

Une dernière petite étape sur les routes de Normandie avant de reprendre le train en direction de Paris.
On aime la Normandie pour ses petites routes vallonnées de campagne, non-loins de la mer et de ses plages au bord des falaises de calcaire. Ces quelques kilomètres à vélo en Normandie nous aurons définitivement convaincu de revenir une prochaine fois pour poursuivre l’itinéraire de la Vélomaritime. Étretat, Trouville, Honfleur, le Mont-Saint-Michel… il nous reste encore beaucoup à voir en terre normande !

L’arrivée à Dieppe contraste avec cette ambiance paisible normande des kilomètres parcourus jusqu’ici. Elle est bouillonnante. La circulation routière en été est un véritable problème dans la ville et le long de la plage. Difficile de se faufiler par moment avec nos vélos dans une ville encore centrée sur le tout-voiture !
Un jour, quand voyager à nouveau à l’étranger sera plus facile, on prévoit de faire l’Avenue Verte qui relie Paris à Londres. Et c’est ici, à Dieppe, qu’on prend le ferry en direction de New Haven. Alors, Dieppe, ce n’est que partie remise !

Un dernier ultime Coca pour la route (on peut boire vraiment tout ce qu’on veut à volonté à vélo, haha !), et on prend déjà la direction de la gare SNCF direction Paris Saint-Lazare. Les jambes sont un peu fatiguées, mais avec l’envie de vite repartir à l’aventure…!